Chapitre 1
“
Le Midrash(1) Tehilim(2) enseigne : Rabbi Eliézer dit : ‘Les
enfants d’Israël demandèrent au Saint béni soit-Il:
Maître du monde, nous désirons nous consacrer à la
Torah jour(3) et nuit, mais nous n’en avons pas le temps’.
Le Saint béni soit-Il leur répondit : ‘Mettez en pratique
la Mitsva des Tefillin et Je considérerai que vous avez fait porter
vos efforts sur la Torah jour(4) et nuit’. ”
Nos Sages enseignent(11) : “ Qu’est-il écrit dans les Tefillin du Maître du monde ? Le verset : ‘Qui est comme Ton peuple, comme Israël, nation unique sur la terre ?’. ” Il en résulte que, quand D.ieu met les Tefillin, les Juifs reçoivent la grandeur. L’explication
est la suivante(12). Il est écrit(13) : “ Observe(14) du
sanctuaire de Ta sainteté, du ciel et bénis Ton peuple,
Israël ”. C’est
le sens de l’expression : “ Lorsque le Saint béni soit-Il(19)
se retire dans les hauteurs(20) ”, qui fait allusion au retrait
de la vitalité et de ce reflet, lequel connaît l’ascension
jusqu’à réintégrer Son Essence. Dès
lors, les mondes n’ont plus de place et leur conduite est assurée
dans un état de sommeil(21), si l’on peut s’exprimer
ainsi. Ceci peut être comparé à un homme qui dort
et perd alors ses capacités intellectuelles. Ces capacités
quittent son corps et réintègrent leur source. Et, il n’en
conserve qu’une trace, qui lui suggère des images. Telle est la signification des versets : “ Observe du ciel et vois ”(25), “ Observe du sanctuaire de Ta sainteté, du ciel ”, Chamaïm,
que l’on peut lire également Cham Maïm, là-bas
il y a de l’eau(26). En effet, la Torah est comparée à
l’eau, ainsi qu’il est dit(27) : “ Ah, quiconque a soif,
qu’il aille vers l’eau ”, c’est-à-dire
vers la Torah(28). De la sorte, se réalise le souhait : “
bénis Ton peuple, Israël ”. En révélant
ce niveau, nous autres enfants d’Israël, acquerrons(29) de
l’importance devant Lui.
C’est le sens du verset : “ Qui est comme Ton peuple, Israël(31), une nation unique sur la terre ? ”, c’est-à-dire capable de mettre en évidence l’Unité de D.ieu sur la terre, afin qu’elle apparaisse à l’évidence, y compris en ce monde inférieur.
Chapitre 2
L’explication est la suivante(32). L’élévation de la Torah peut être déduite de l’enseignement de nos Sages(33) selon lequel : “ la Torah précéda le monde de deux mille ans ”(34). Mais, cette antériorité n’est pas chronologique(35), car le temps et l’espace ont eux-mêmes été créés, de sorte qu’avant l’apparition du monde, le temps n’existait pas(36). En réalité, l’antériorité est ici une marque de préséance. En
effet, les mondes émanent des Attributs de l’émotion,
ainsi qu’il est dit(37) : “ D.ieu fit six jours ” et
non : “ D.ieu fit, en six jours ”(38). Ceci est une allusion
aux six Attributs supérieurs de l’émotion, qui furent
abaissés jusqu’à l’action concrète.
La Torah, en revanche, précède le monde, car elle émane de l’Attribut de la découverte intellectuelle, ‘Ho’hma(45). Or, les forces de l’intellect n’ont aucune relation avec les mondes, tout comme celui qui ne peut enseigner la sagesse à personne conserve la possibilité de méditer lui-même. Il n’en est pas de même, en revanche, pour les émotions. Ainsi, celui qui est bon perdra ce sentiment, comme s’il n’avait jamais existé(46), s’il ne peut l’exercer sur personne. C’est pour cela qu’il est dit(47), à propos d’Avraham : “ Il était assis à la porte de la tente, à la chaleur du jour ”. En effet, Avraham recherchait les passants, afin de pouvoir leur prodiguer le bien, car toutes les actions de celui qui accorde son influence sont sans effet, s’il n’y a personne pour la recevoir(48).
Il en est de même dans les sphères célestes, ainsi qu’il est dit : “ Souviens-Toi(49) de Ta miséricorde et de Ta bonté, car elles appartiennent au monde ”. La miséricorde et la bonté de D.ieu sont en relation avec les mondes(50), comme on l’a vu, à propos de : “ J’ai dit que le monde serait bâti sur la bonté ”. Comme nous l’avons indiqué, il convient donc de construire l’Attribut de bonté. Or, sans la création(51), celui-ci aurait été inutile, car sur qui cette bonté aurait-elle pu s’exercer ?
C’est pour cela que le Ets ‘Haïm(52) est introduit par ces mots : “ Quand Il conçut la Volonté infinie de prodiguer le bien(53) à Ses créatures ”. Car, il est dans la nature de celui qui est bon de faire du bien(54). C’est le sens de la révélation de la bonté, émanant du fait que “ Il désire la bonté ”(55), de la bonté telle qu’elle se trouve dans le désir divin. A l’opposé, les Attributs de l’intellect ne se révélèrent pas, lors de la création du monde. Certes, nos Sages disent(56) que : “ le Saint béni soit-Il créa Son monde(57) par dix éléments, par la découverte intellectuelle, par l’analyse raisonnée, par la connaissance… ” et le Séfer Yetsira ajoute(58) : “ par trois livres… par le livre, par le scribe et par le récit ”, comme l’explique le discours ‘hassidique intitulé : “ Et, vous puiserez ”(59). En effet, le scribe, Sofer avec un Vav(60), correspond à ‘Ho’hma, la découverte intellectuelle, tout comme un scribe rédige un livre, Séfer sans Vav(61), désignant Bina(62), l’analyse raisonnée. Toutefois, seul se révèle aux sentiments la partie de l’intellect qui est à l’origine de leur existence, mais non l’essence de cet intellect. A l’opposé, la Torah émane de ‘Ho’hma. C’est pour cela qu’elle put précéder le monde de deux mille ans. C’est le sens de l’expression : “ ‘Ho’hma t’enseignera, Bina t’enseignera ”, faisant référence aux forces de l’intellect qui précédèrent le monde, lui-même lié aux Attributs de l’émotion. De ce fait, la Torah précéda le monde de deux mille ans, Alpaïm, de la même étymologie que Aaléfe’ha, t’enseignera(63).
Chapitre
3
C’est
donc ainsi qu’il faut comprendre l’enseignement de Rabbi Eliézer
: “ Les enfants d’Israël demandèrent au Saint
béni soit-Il(64) : Maître du monde, nous désirons
nous consacrer à la Torah ”. C’est, en effet, l’étude
de la Torah qui permet de révéler les Attributs de l’intellect
en ceux de l’émotion, ce qui est une qualité considérable
et merveilleuse, “ mais nous n’en avons pas le temps. Le Saint
béni soit-Il leur répondit : Mettez en pratique la Mitsva
des Tefillin et Je considérerai que vous avez fait porter vos efforts
sur la Torah, jour et nuit ”. Mais, quand D.ieu met les Tefillin, c’est l’essence de l’intellect qui se révèle dans les émotions(67). En conséquence, l’enfant qui n’a pas encore treize ans, est dispensé de porter les Tefillin. Il n’est pas encore appelé Ich, un homme, et son intellect n’est pas mûr. Puis, à treize ans et un jour, il devient Ich(68) et, dès lors, quand il met les Tefillin, il peut obtenir que le Saint béni soit-Il en fasse de même.
Il résulte de tout cela que les Tefillin de D.ieu révèlent l’essence de l’intellect. Précisément, l’étude de la Torah a le même effet. D.ieu dit donc : “ Mettez en pratique la Mitsva des Tefillin et Je considérerai que vous avez fait porter vos efforts sur la Torah, jour et nuit ”(69). La comparaison faite entre ces deux situations est la suivante. L’effort sur la Torah permet de la révéler dans l’air du monde. De ce fait, D.ieu dit que, même si les Tefillin révèlent les forces de l’intellect tels qu’ils sont en leur source à l’origine de la création des mondes, Il n’en considère pas moins que les Juifs étudient la Torah jour et nuit(70), termes qui s’appliquent au monde, ici-bas. |