Le
premier Beth Habad
de France: 1905 Une lettre du Rabbi précédent,
Rabbi Yossef Its'hak,
(Igrot Kodech vol 5, page 125)
qui concerne, en fait, à chaque 'Hassid!
C'est vrai que d'une certaine façon, chacun, même
parmi les mieux intentionnés, pourrait dire que là où
il se trouve, il n'a pas à qui parler, il n'y a personne sur qui
il pourrait avoir une influence positive. Et ceci est complètement
faux.
Au mois d'Elloul 5665 (1905), mon père le Rabbi Rachab adressa
une lettre à un 'Hassid qui habitait alors en France. Une longue
lettre, insistant sur l'importance de la prière et la façon
de prier, et sur le fait que chacun d'entre nous se doit, où qu'il
se trouve, de s'entourer d'un cercle de juifs étudiant Torah Or
ou Likoutei Torah, et initier des réunions 'Hassidiques.
La lettre était fort longue, et dans un style incisif. Connaissant
le grand attachement de ce 'Hassid à mon père, les conditions
de la vie juive en France et les gens qu'on y trouve, je savais que cette
lettre lui ferait une grande peine, et j'eus pitié de lui.
Je fis remarquer à mon père "Tu sais bien ce que sont
les gens qui vivent là bas, que pourra-t-il faire, sinon que s'attrister
de ta lettre?"
Mon père
le Rabbi me répondit: "c'est bien pour ça que je lui
écris. Que ça lui fasse mal et le fasse bouger!"
Une dizaine de jours plus tard, je reçus une lettre accablée
de ce 'Hassid. Il me contait tout ce qui lui était arrivé
à lui et à ses enfants depuis ces huit mois qu'il était
arrivé dans cette ville. Il me détailla la nature des juifs
de l'endroit, et me demanda d'intercéder auprès de mon père.
Dans tous les cas, il se proposait d'écrire au Rabbi dans les jours
suivants, dès qu'il se serait remis du choc que lui avait causé
sa lettre.
Lorsque cette lettre parvint au Rabbi, il me dit simplement: "un
'Hassid doit s'exécuter, et pas s'excuser qu'il ne peut pas agir".
Peu de temps avant Kippour, je reçus une longue lettre du 'Hassid.
Il me racontait comment il avait passé les jours de Seli'hot, seul,
sans Minyan, et les jours de Roch Hachanah. Il se lamentait de son séjour
dans cet endroit.
En Adar 5666, mon père fit un voyage à Moscou, où
je l'accompagnai. Parmi tout le courrier qu'on me fit suivre, je reçus
une lettre de notre 'Hassid.
Le saint jour de Kippour, il avait senti chez certains des fidèles
un réel sentiment de Téchouvah. Il les connaissait de longue
date comme des pêcheurs irrécupérables, mais avait
senti une authenticité dans leurs prières, et avait été
surpris de leurs larmes durant toute cette journée.
A la fin de l'office, il avait bavardé avec eux, et avait découvert
que l'un d'entre eux était d'une famille 'hassidique de telle ville,
le second d'une autre ville, et ainsi le troisième …Ils avaient
convenu de se retrouver dans un café un des jours suivants.
Ce jour là, ils se mirent à évoquer les souvenirs
d'enfance certains étaient même passés par Loubavitch,
par Kapost. Ils parlèrent avec chaleur de cette époque,
des coutumes 'hassidiques de leurs villes natales, et l'émotion
allait croissant. Cette réunion eut sur eux un effet très
stimulant.
Durant Souccot, Chemini Atséret et Sim'hat Torah, nous nous réunîmes
à nouveau, durant de longues heures, à évoquer des
histoires, à discuter, et de nombreux autres fidèles originaire
de famille 'hassidique vinrent se joindre à nous, et nous fîmes
le projet de rassembler un Minyan pour prier selon notre rite.
Un local fut loué dans un lieu convenant à tous, et début
Kislev nous avons commencé à y prier selon le rite 'hassidique
du AriZal. A l'occasion du 10 Kislev, qui était un Vendredi, nous
fîmes une réunion 'hassidique à l'issue de Chabbath.
Le 19 Kislev, nous fîmes un grand et joyeux festin, selon toute
la tradition des anciens 'Hassidim. De nombreux fidèles de notre
ancienne synagogue vinrent se joindre à nous.
Nous, les Habadnikim, au plus fort de l'exaltation des mélodies
'hassidiques, (car il nous est interdit de boire pour des raisons de santé),
nous prîmes la décision de fixer un cours d'étude
de la 'Hassidouth. Et cela fait plus de sept semaines que ce cours existe.
Nous nous voyons trois fois par semaine, et je fais avec eux un cours
de Torah Or. Et l'essentiel, la plupart d'entre eux gardent maintenant
le Chabbath, soit qu'ils ferment leur affaire ce jour là, soit
qu'ils s'abstiennent d'y aller.
Grâce à D.ieu, la demande du Rabbi a été accomplie,
de s'entourer d'un cercle de juifs étudiant Torah Or ou Likoutei
Torah. Même s'il ne s'agit que de quelques lignes et le reste sont
de longues conversations entrecoupées d'histoires 'hassidiques.
Et que D.ieu fasse que nous puissions accomplir ce qui est écrit
dans la lettre et commencer le Likoutei Torah d'ici cet été,
et que notre cercle s'agrandisse au propre comme au figuré, matériellement
et spirituellement.
Lorsque j'ai lu cette lettre à mon père le Rabbi, il commenta:
"les pas de l'homme sont guidés par D.ieu". Ce qui signifie
qu'un juif doit savoir pourquoi la Providence Divine le sort de son cocon
et l'envoie dans un autre endroit. Fais connaître cette lettre aux
'Hassidim qui sont partis à Moscou: Its'hak Rubinstein de Berezin,
Binyamin Berlin de Lyozna, Leïba Horewits de Vitebsk, Baroukh Chalom
Cohen de Rudin. Qu'eux aussi sachent pourquoi ils sont à Moscou.